Le 27 juillet 1916, Elizabeth Bruce Hardwick voit le jour à Lexington, dans le Kentucky, huitième d’une fratrie de onze enfants. Rien ne destinait cette fille de parents protestants stricts à devenir l’une des figures les plus influentes de la scène littéraire new-yorkaise de la seconde moitié du XXe siècle. Et pourtant, par son style incisif, son intelligence acérée et son engagement sans faille pour la littérature, Elizabeth Hardwick va marquer son époque comme critique, essayiste et romancière.
Une formation littéraire solide
Après des études brillantes à l’Université du Kentucky, où elle obtient son diplôme de premier cycle en 1938 et son master en 1939, Elizabeth Hardwick intègre le programme de doctorat de l’Université Columbia. Mais en 1941, elle décide d’interrompre ses études pour se consacrer pleinement à l’écriture. Une bourse Guggenheim obtenue en 1947 viendra confirmer la pertinence de ce choix audacieux.
Une critique littéraire redoutée et respectée
C’est en 1959 qu’Elizabeth Hardwick se fait connaître avec un essai au vitriol publié dans Harper’s, intitulé « The Decline of Book Reviewing » (« Le déclin de la critique littéraire »). Dans ce texte, elle dénonce sans ménagement la médiocrité des critiques publiées dans les périodiques américains de l’époque. Cet essai marquera les esprits et posera les bases de sa réputation de critique exigeante et intransigeante.
Co-fondatrice de la New York Review of Books
En 1963, Elizabeth Hardwick co-fonde, avec son mari Robert Lowell et quelques amis, la célèbre revue littéraire The New York Review of Books. Née dans le contexte de la grande grève des journaux new-yorkais de 1962-1963, cette publication deviendra rapidement une référence incontournable, s’imposant comme un contrepoint intellectuel essentiel au New York Times Book Review. Elizabeth Hardwick y jouera un rôle central, tant par ses contributions que par sa vision éditoriale.
Une romancière et nouvelliste accomplie
Parallèlement à son activité de critique, Elizabeth Hardwick mène une œuvre de fiction remarquée. Elle publie trois romans : The Ghostly Lover (1945), The Simple Truth (1955) et Sleepless Nights (1979). Son style dense, introspectif et poétique, souvent comparé à celui de Virginia Woolf, fait d’elle une figure singulière du paysage littéraire américain. Un recueil de nouvelles, The New York Stories of Elizabeth Hardwick, sera publié à titre posthume en 2010, révélant une autre facette de son talent.
Une mentor exigeante et généreuse
Dans les années 1970 et 1980, Elizabeth Hardwick enseigne l’écriture au Barnard College et à la Columbia University. Réputée pour ses critiques sans concession mais toujours constructives, elle sera un mentor exigeant et stimulant pour de nombreux jeunes écrivains. Parmi ses anciens élèves, beaucoup salueront son rôle décisif dans leur parcours, louant sa générosité et sa bienveillance autant que son intransigeance sur la qualité de l’écriture.
Un mariage tumultueux avec Robert Lowell
En 1949, Elizabeth Hardwick épouse le poète Robert Lowell, figure majeure de la poésie américaine d’après-guerre. Leur relation sera aussi passionnée que tumultueuse, marquée par les troubles bipolaires de Lowell et ses infidélités. Malgré leur divorce en 1972, Hardwick considérera toujours Lowell comme l’amour de sa vie et l’influence majeure sur son œuvre. Leur correspondance, publiée après leur mort, offre un témoignage poignant sur leur relation complexe et leur lien indéfectible.
Une figure intellectuelle majeure de New York
Tout au long de sa carrière, Elizabeth Hardwick s’imposera comme une figure incontournable de la vie intellectuelle new-yorkaise. Membre de l’Académie américaine des arts et des lettres, récipiendaire de nombreux prix et distinctions, elle incarnera jusqu’à sa mort en 2007 une certaine idée de l’exigence littéraire et de l’engagement critique. Son influence continuera de se faire sentir bien au-delà de son cercle immédiat, faisant d’elle une référence pour des générations d’écrivains et de lecteurs.
Un héritage littéraire durable
L’œuvre d’Elizabeth Hardwick, aussi diverse que cohérente, constitue un apport majeur à la littérature américaine du XXe siècle. Par la rigueur de sa pensée, la finesse de ses analyses et la beauté ciselée de son style, elle a contribué à élever le niveau d’exigence de la critique littéraire, tout en ouvrant de nouvelles voies à la fiction américaine. Son héritage se perpétue à travers la vivacité de la New York Review of Books, mais aussi par l’exemple qu’elle a donné d’une vie entièrement dévouée à la littérature.
Nos réponses à vos questions sur Elizabeth Hardwick
Quel a été le rôle d’Elizabeth Hardwick dans la fondation de la New York Review of Books ?
Elizabeth Hardwick a été l’une des co-fondatrices de la New York Review of Books en 1963, aux côtés de son mari Robert Lowell et de quelques amis écrivains et intellectuels. Née dans le contexte de la grande grève des journaux new-yorkais, cette revue se voulait une alternative exigeante aux publications existantes. Hardwick y a joué un rôle central, tant par ses contributions critiques que par sa vision éditoriale, contribuant à en faire une référence incontournable.
Qu’est-ce qui caractérise le style d’Elizabeth Hardwick en tant que romancière ?
Le style romanesque d’Elizabeth Hardwick est souvent décrit comme dense, introspectif et poétique. Ses phrases ciselées, son attention aux détails et à la vie intérieure de ses personnages évoquent l’influence de Virginia Woolf. Ses romans, comme Sleepless Nights (1979), se distinguent par leur subtile exploration des thèmes de la mémoire, de l’identité et des relations humaines, tout en offrant un regard acéré sur la société de son temps.
Quelle a été la relation d’Elizabeth Hardwick avec Robert Lowell ?
Elizabeth Hardwick a été mariée au poète Robert Lowell de 1949 à leur divorce en 1972. Leur relation a été aussi passionnée que tumultueuse, marquée par la maladie bipolaire de Lowell et ses infidélités. Malgré les difficultés, Hardwick a toujours considéré Lowell comme l’amour de sa vie et une influence majeure sur son œuvre. Leur correspondance, publiée après leur mort, offre un témoignage poignant sur leur lien indéfectible malgré les épreuves.
Quel a été l’impact d’Elizabeth Hardwick sur la scène littéraire américaine ?
L’impact d’Elizabeth Hardwick sur la littérature américaine a été considérable, tant par son œuvre de critique que par ses romans et nouvelles. Sa rigueur intellectuelle, son style exigeant et son engagement sans faille pour la qualité littéraire ont contribué à élever le niveau du débat critique. En tant que mentor, elle a aussi influencé et inspiré de nombreux écrivains. Son héritage se perpétue à travers la vitalité de la New York Review of Books et l’exemple qu’elle a donné d’une vie dévouée à la littérature.