Oriana Fallaci : Une enfant de la guerre devenue icône du journalisme
Le 29 juin 1929 naît à Florence une petite fille qui va marquer l’histoire du journalisme : Oriana Fallaci. Très jeune, elle s’engage dans la résistance italienne contre Mussolini aux côtés de son père. Cette expérience de la guerre et de l’oppression forgera son caractère rebelle et son inébranlable soif de vérité. Armée de ces valeurs, Oriana deviendra une intervieweuse redoutée des puissants et une écrivaine à succès, toujours prête à braver les tabous.
Une pionnière de l’interview sans concession
Dans les années 1960-70, Oriana Fallaci révolutionne l’art de l’entretien. Fini la complaisance, place à des face-à-face sans merci avec les leaders du moment :
- Henry Kissinger, qui qualifiera leur échange de « conversation la plus désastreuse de sa vie »
- L’ayatollah Khomeini, à qui elle ôte son tchador en pleine interview
- Mouammar Kadhafi, Golda Meir, Yasser Arafat, Indira Gandhi…
Sa ténacité et son franc-parler font trembler les « Grands », dévoilant leur part d’ombre et d’humanité.
Une écrivaine engagée et visionnaire
Parallèlement à sa carrière de journaliste, Oriana Fallaci se distingue par une œuvre littéraire foisonnante et engagée. Ses romans abordent des thèmes controversés comme l’avortement (« Lettre à un enfant jamais né »), le rôle des femmes (« Pénélope à la guerre »), ou la guerre (« Un homme »). À travers ses livres, elle défend avec passion ses valeurs humanistes et féministes.
Correspondante de guerre au péril de sa vie
Fidèle à son besoin viscéral de vérité, Oriana n’hésite pas à risquer sa vie sur les fronts les plus dangereux :
- Pendant la guerre du Vietnam, elle dénonce les exactions des deux camps
- En 1968 au Mexique, elle est grièvement blessée lors du massacre de Tlatelolco
- Elle couvre les conflits au Moyen-Orient, du Liban à la Palestine
Rien ne l’arrête pour être au plus près du réel et témoigner de la folie des hommes.
Du féminisme à l’athéisme, un esprit libre
Toute sa vie, Oriana Fallaci a refusé les carcans et les dogmes. Féministe de la première heure, elle a lutté pour le droit à l’avortement et l’émancipation des femmes. Athée revendiquée, elle a critiqué les religions, notamment l’islam après le 11 septembre 2001, ce qui lui a valu des accusations d’intolérance. Jusqu’au bout, elle est restée fidèle à ses convictions quitte à se mettre à dos une partie de l’opinion.
L’héritage d’une femme d’exception
À sa mort en 2006, Oriana Fallaci laisse derrière elle une trace indélébile. Son style journalistique unique, mêlant courage, pugnacité et humanité, a ouvert la voie à de nouvelles générations de reporters. Ses livres, traduits dans le monde entier, continuent d’inspirer des millions de lecteurs par leur force et leur clairvoyance. Plus qu’une journaliste ou une écrivaine, Oriana Fallaci était une conscience, un phare dans les ténèbres de son époque.
Nos réponses à vos questions sur Oriana Fallaci
Quel a été le rôle d’Oriana Fallaci pendant la Seconde Guerre mondiale ?
Adolescente, Oriana s’est engagée dans la résistance italienne contre la dictature fasciste de Mussolini. Aux côtés de son père, elle a participé à des actions clandestines comme le transport de munitions et l’aide aux prisonniers alliés. Cette expérience forgera ses valeurs de liberté et son rejet viscéral de l’oppression.
Pourquoi les interviews d’Oriana Fallaci étaient-elles si redoutées ?
Oriana Fallaci avait un style unique, mêlant préparation minutieuse, questions frontales et répartie acérée. Elle n’hésitait pas à mettre ses interlocuteurs face à leurs contradictions, quitte à les brusquer. Son but était de briser leur carapace pour révéler leur véritable nature. Cette franchise dérangeante lui a valu la réputation d’intervieweuse la plus crainte au monde.
Quelles étaient les grandes causes défendues par Oriana Fallaci ?
Humaniste et féministe, Oriana Fallaci a lutté toute sa vie contre l’injustice et pour l’émancipation. Ses principaux combats étaient :
- Les droits des femmes, notamment le droit à l’avortement
- La dénonciation de la guerre et des totalitarismes
- La défense de la laïcité et la critique des religions
- Le soutien aux opprimés, des Vietnamiens aux Palestiniens
Jusqu’à son dernier souffle, elle n’a eu de cesse de porter ces valeurs, en mots et en actes.
Oriana Fallaci était de ces êtres qui ne peuvent se résoudre au silence et à la résignation. Par sa plume et son courage, elle a éclairé les zones d’ombre de son siècle, quitte à déplaire. Puisse son exemple nous inspirer aujourd’hui la force de penser par nous-mêmes et de défendre nos vérités, aussi dérangeantes soient-elles !