Maires, députées, patronnes… Plus les femmes gravissent les échelons, plus leur mariage semble vaciller. C’est le constat sans appel d’une récente étude suédoise, qui pointe le lien étroit entre ascension professionnelle au féminin et hausse des divorces. Un phénomène qui interroge : les hommes des années 2020 seraient-ils encore mal à l’aise face à une compagne qui réussit mieux qu’eux ? Fragile ego masculin ou révolution trop rapide des rôles genrés ? Décryptage d’un paradoxe qui en dit long sur la persistance des stéréotypes.
L’émancipation, prix du sacrifice conjugal ?
Premier enseignement de cette vaste enquête menée sur 20 ans : pour les femmes ambitieuses, c’est souvent la carrière ou le couple. Un dilemme cornélien qui semble épargner ces messieurs :
- Une promotion prestigieuse multiplie par trois le risque de divorce chez les femmes, mais n’a aucun impact côté masculin
- Cette surexposition concerne surtout les couples « traditionnels » avec un fort écart d’âge en faveur de monsieur
- Culpabilisées de « manquer à leur rôle » d’épouse, de nombreuses femmes se retrouvent sommées de choisir entre réussite et vie privée
Si elles osent, comme Emma, « réaliser des choses de plus en plus grandes, de plus en plus sophistiquées » au boulot, gare aux reproches à la maison. Car leur émancipation bouscule un ordre ancestral qui cantonnait la gent féminine aux seconds rôles.
La revanche des mâles « dépossédés »
Mais d’où vient ce malaise des hommes face aux succès de leur compagne ? Pour les experts, la clé est à chercher du côté des survivances du patriarcat :
- « L’homme va difficilement accepter la réussite de la femme dans les domaines qui lui étaient réservés » (P. Lardellier)
- Frustration, jalousie… Son ego est fragilisé par ce bouleversement des prérogatives traditionnelles
- Surtout quand s’y ajoute le délicat sujet de l’argent : peu d’hommes sont à l’aise avec une femme qui gagne plus
Bousculés dans leur « prééminence symbolique et sociale », certains vivent l’ambition de leur moitié comme une vexation. Une brutalité d’autant plus forte que l’autonomie financière permet désormais aux femmes de s’affranchir du joug marital…
Le couple à l’épreuve de la « charge mentale »
Dernier écueil et non des moindres : le sempiternel casse-tête de l’articulation vie pro / vie perso, qui continue de peser d’abord sur les épaules des femmes. Même lorsqu’elles percent le plafond de verre :
- Les attentes restent fortes en matière de disponibilité, la fameuse « charge mentale » tant décriée
- Double journée, enfants, tâches ménagères… Difficile de concilier ce fardeau avec un job prenant
- Surtout dans une société qui valorise le présentéisme et la mobilité comme preuves d’engagement
Tant que cette équation infernale ne sera pas résolue, réussir sa vie et sa carrière restera une mission quasi impossible pour la gent féminine. Sauf à opter pour le célibat, ou un partenaire résolument féministe !
Clairement, un travail de déconstruction s’impose pour dépasser ce stéréotype tenace d’une réussite professionnelle antinomique avec l’épanouissement conjugal. L’enjeu ? Permettre aux femmes de déployer tout leur potentiel, sans devoir sacrifier leur vie personnelle sur l’autel de la performance.
Cela passe d’abord par une remise à plat du « contrat social » entre les sexes. Pour que les hommes ne se sentent plus menacés mais stimulés par les succès de leur compagne. Pour que le partage des tâches domestiques, mais aussi du pouvoir, deviennent enfin une réalité.
C’est tout le combat d’un féminisme nouvelle génération : celui de couples vraiment égalitaires, où les talents et les aspirations de chacun pourraient s’exprimer pleinement. Avec l’ambition folle de ne plus jamais avoir à choisir entre réussite et bonheur. Un défi à relever d’urgence, ensemble !