Cultures d’entreprise machistes : le guide de survie des femmes

L’incident du « sofagate » en a été l’illustration parfaite : même quand elles occupent les plus hautes fonctions, les femmes restent trop souvent reléguées au second plan dans un monde professionnel encore largement dominé par les hommes. Entourée de costumes-cravates, combien de fois Ursula von der Leyen s’est-elle ainsi retrouvée sans siège, sans voix, sans considération ? Une situation dans laquelle nombre de femmes se reconnaîtront : au boulot aussi, difficile de trouver sa place quand on est la seule à porter une jupe au milieu d’une armée de pantalons !

Car il suffit parfois d’être en minorité pour se sentir comme une intruse sur son propre lieu de travail. Les blagues sexistes, les interruptions intempestives, le fameux « mansplaining » ou encore le coup classique du « tu nous fais un café ? »… Autant de petites remarques et attitudes qui rappellent sans cesse aux femmes qu’elles ne font pas vraiment partie du club. Sans parler de la fameuse « réunion de 18h » qui élimine d’office toutes celles qui doivent récupérer les gosses. Bref, évoluer dans une culture d’entreprise machiste relève souvent du parcours du combattante. Mais pas question pour autant de se laisser évincer ! Voici quelques clés pour garder le cap (et son job) même en eaux troubles.

Première règle : ne cherchez pas à tout prix l’approbation de vos collègues masculins. Vous n’avez pas à refaire vos preuves chaque matin pour justifier votre présence. Vous êtes là, un point c’est tout. Tâchez donc de ne pas tomber dans le piège classique qui consiste à dénigrer les autres femmes pour rentrer dans le moule. Oui, certaines n’hésitent pas à écraser leurs semblables, quitte à reproduire les pires clichés sur les mères ou à rire grassement aux blagues graveleuses du bureau. Une stratégie perdante sur le long terme : non seulement vous ne serez jamais vraiment « des leurs », mais en plus vous finirez par vous trahir. Au risque de finir par claquer la porte.

Mieux vaut miser sur l’assertivité : exprimez votre point de vue calmement mais fermement, sans chercher à écraser celui des autres. N’ayez pas peur de remettre les pendules à l’heure si nécessaire : « Merci Michel d’avoir si brillamment développé l’idée dont j’ai parlé » lancé avec aplomb face à un collègue qui vous vole la vedette en réunion, ça remet direct les choses en place ! Idem, n’hésitez pas à recadrer poliment mais fermement les attitudes ou remarques sexistes : « Tu ne dirais jamais ça à Jean-Mi, c’est vraiment pas pro ». L’idée est de pointer explicitement le comportement problématique, sans s’énerver pour ne pas passer pour l’hystérique de service.

Car malheureusement, une femme qui exprime sa colère, même légitime, sera toujours perçue comme « trop émotive ». Là où un homme susciterait au pire un haussement d’épaules, une femme qui crie se verra taxée d’aigrie, de mal -baisée ou de cinglée. Injuste mais tristement vrai. Alors on ravale sa rage et on s’entraîne à dire les choses posément, quitte à utiliser l’humour pour faire passer la pilule. Oui, c’est épuisant de devoir toujours prendre sur soi. Mais c’est encore le meilleur moyen d’être entendue… en attendant que les mentalités évoluent !

Cela ne veut pas dire pour autant faire profil bas. Au contraire, n’hésitez pas à monter au créneau si vos collègues « oublient » systématiquement de vous inviter aux afterworks ou aux réunions importantes. Faites-vous entendre, prenez votre place ! Car personne ne viendra vous la donner, surtout dans un environnement masculin où les femmes sont encore vues comme quantité négligeable. Alors ne comptez pas sur les autres pour deviner vos ambitions, exprimez-les ! Que ce soit pour décrocher une promo, un gros dossier ou une aug’, dites clairement ce que vous voulez. Quitte à essuyer quelques refus avant le grand oui.

Enfin, rappelez-vous que vous n’êtes pas seule. Si la mayonnaise ne prend vraiment pas, n’hésitez pas à vous tourner vers d’autres soutiens : délégués du personnel, réseaux féminins au sein de votre boîte… A plusieurs, on est toujours plus fortes pour faire bouger les lignes. Monter un « girls’ club » informel avec quelques collègues de confiance peut aussi aider à se serrer les coudes. Histoire de pouvoir se défouler de temps en temps sans risquer de passer pour la féministe relou de service !

Évidemment, tout ça ne suffira pas à transformer un repaire de machos en paradis de la mixité. Faire évoluer une culture d’entreprise prend du temps et ne repose pas uniquement sur les épaules des femmes qui y travaillent. Mais en posant ses limites avec assertivité et en refusant de rentrer dans le moule coûte que coûte, on peut réussir à se frayer un chemin… sans trop se trahir. Parce qu’on le vaut bien !

Alors certes, bosser entourée de mecs n’est pas toujours une partie de plaisir. Les remarques lourdes, le paternalisme latent, la pression pour rentrer dans le rang… Tout ça peut vite devenir usant, voire carrément toxique. Mais avant de jeter l’éponge, donnez-vous les moyens de riposter en beauté ! Avec un peu de culot, beaucoup de self-control et une bonne dose d’humour, vous réussirez à vous faire une place au soleil. La route est encore longue, mais chaque brèche ouverte dans le plafond de verre est une victoire. Alors tenez bon, sister !