Révolution de l’IA au travail : les femmes risquent-elles de rester sur le carreau ?

L’intelligence artificielle s’impose comme la nouvelle coqueluche du monde professionnel. Mais alors que les promesses de gains de productivité affolent les employeurs, un phénomène inquiétant se dessine : les femmes semblent à la traîne dans l’adoption de ces technologies. Manque d’appétence, craintes pour l’emploi, besoin de lien humain… Les raisons sont multiples, mais les conséquences potentiellement désastreuses pour leur évolution de carrière. Décryptage d’un enjeu majeur d’égalité.

L’IA, ce « truc de mecs » ?

Premier constat alarmant : à poste égal, les femmes sont nettement moins nombreuses que les hommes à utiliser l’IA, et moins enclines à se former. Le dernier baromètre de l’IFOP est sans appel :

  • Seules 16% des femmes ont déjà utilisé un outil d’IA au travail, contre 29% des hommes
  • 71% des femmes n’ont pas été formées et ne souhaitent pas l’être, contre 54% des hommes
  • L’IA cristallise les inquiétudes féminines, perçue comme l’apanage des experts tech, très majoritairement masculins

Ce « tech-scepticisme » féminin trouve en partie sa source dans notre culture, qui assigne encore largement les femmes aux métiers du soin et du lien. Une vision genrée difficilement compatible avec le règne des algorithmes…

Crainte pour l’emploi : un risque bien réel pour les femmes

Autre motif d’inquiétude pour la gent féminine : le spectre du remplacement par les machines. Et pour cause, les études convergent sur un point : les femmes sont plus exposées à l’automatisation de leur poste.

  • Aux États-Unis, 80% des femmes occupent un emploi menacé par l’IA générative, contre 60% des hommes (Kenan Institute)
  • Surreprésentées dans le tertiaire et les tâches routinières, les femmes sont en première ligne face au déploiement de l’IA
  • Seule parade possible : se former pour garder la main sur ces outils, au risque d’être évincées par des profils plus tech

Un scénario noir que tentent de relativiser certaines, persuadées qu’un robot ne pourra jamais égaler l’empathie et l’intelligence émotionnelle féminines. Pourtant, l’urgence est bien là : pour rester dans la course, il va falloir vite se mettre à niveau !

L’impératif de la formation pour résorber le « gender IA gap »

Bonne nouvelle : il n’est pas trop tard pour rattraper le retard et conjurer le risque d’un nouvel apartheid numérique. La solution tient en un mot : la formation, clé d’une appropriation sereine et éclairée de l’IA par les femmes.

  • Offrir des modules dédiés pour démystifier ces outils et leurs bénéfices concrets en situation de travail
  • Valoriser les modèles féminins inspirants, à l’image des projets Women Defining AI ou AI4Women
  • Intégrer la lutte contre les stéréotypes et les biais dans la conception même des IA, trop souvent pensées par et pour des hommes

Mais la responsabilité ne peut porter sur les seules épaules des femmes. C’est tout l’écosystème qui doit se mobiliser pour bâtir une IA plus inclusive : employeurs, pouvoirs publics, concepteurs… L’avenir de notre vivre et travailler ensemble en dépend !

Car au fond, l’essentiel n’est pas tant de savoir si l’IA va remplacer les femmes ou les hommes. L’enjeu, c’est d’inventer collectivement de nouveaux modes de collaboration fructueux entre humain et machine. Un défi passionnant, une opportunité unique de repenser nos organisations sur des bases plus justes et égalitaires. À nous d’écrire les règles de cette cohabitation inédite, sans reproduire les schémas du passé !